Pourquoi Pas Vieilles ?
Habitat alternatif
Quel habitat pour les séniors ?
Entre la maison ou l’appartement dans lequel on a élevé ses enfants et l’Ehpad où seulement 15% des plus de 80 ans vont devoir s’installer pour cause de perte d’autonomie, il y a place pour d’autres types de logements adaptés au vieillissement.
Le Collectif Habiter autrement fait le constat d’un besoin d’habitat différent du domicile, différent de l’EHPAD et différent de l’offre dite « intermédiaire » de type résidence-service. En effet, le domicile peut être synonyme d’isolement, l’EHPAD n’est pas adapté à des retraités relativement autonomes, tandis que la résidence-service n’est pas accessible à tous financièrement.
Ce besoin-là est insuffisamment pris en compte par les pouvoirs publics, alors que la population âgée augmente de façon importante. L’ADEUPA précise : Sous l’effet du vieillissement, de nombreuses maisons familiales vont se libérer. En revanche il manquera de petits logements plus adaptés au grand âge.
Foyer-Logement, Résidence Autonomie, etc.
On peut regretter qu’un certain nombre de villes aient fait le choix de fermer les Foyers-Logements sous gestion communale plutôt que de les rénover. Brest n’en a plus qu’un : Poul-ar-Bachet, renommé « résidence autonomie ». Tous les autres ont été fermés et sont progressivement remplacés par des Résidences Autonomie ou des Résidences Services sous gestion privée, plus onéreux, voire très onéreux. Certains promoteurs d’ailleurs ne cachent pas leur objectif premier : la rentabilité financière, aux dépens à la fois des employés et des résidents. D’autres villes comme Boulogne -sur-mer, ont fait le choix inverse pour préserver une offre de logements corrects pour des publics à revenus modestes.
La Résidence Autonomie de Poul-ar-Bachet
A Brest, le seul projet véritablement urbain qui ait abouti est Ekoumène, lancé par un petit groupe d’amis en 2006. L’immeuble de 6 logements a été habité en 2015. (Photo ©Ekoumène)
L’habitat participatif
L’habitat participatif peut être une réponse adaptée, mais à certaines conditions. On pourra consulter ici le rapport d’Anne Labit, après une étude réalisée en partenariat avec l’association Hal’âge, sous l’égide de la Fondation de France.
Un certain nombre d’expériences d’habitat participatif ont été lancées un peu partout en France depuis une vingtaine d’années, ou sont actuellement lancées, y compris dans des quartiers défavorisés, mais les difficultés sont nombreuses : complexité du montage des dossiers administratifs et financiers ; longueur excessive des procédures ; complexité de la gestion collective ; émergence de conflits, etc. En réponse à ces difficultés, la Fondation de France soutient des projets selon des critères de sélection précis : mixité sociale et générationnelle, participation des (futurs) habitants, liens avec le quartier, la ville, etc.
Les projets menés à bien sont généralement des unités assez importantes. Ils sont portés par les collectivités locales avec la participation des futurs habitants, et aboutissent en 3 ou 4 ans.
Si le territoire ne porte pas le projet, cela ne fonctionne pas.
Petits logements individuels
Une autre réponse consiste à construire en centre-bourg, à proximité des commerces et des services, de petits logements individuels réservés aux personnes âgées. Certaines communes péri-urbaines ou rurales investissent dans ces programmes, qui peuvent être aussi l’occasion de réhabiliter des bâtiments anciens.
Colocation entre séniors
Plusieurs sites internet se sont spécialisés dans les annonces de colocation entre séniors. Offres et demandes sont regroupées par région ou par ville. Cette solution présente l’avantage d’être peu onéreuse, et d’apporter une réponse à la solitude. Comparativement à l’habitat participatif, elle est facile à mettre en oeuvre, mais elle exige de bonnes capacités d’adaptation et une aptitude à la vie collective.
Maintien à domicile
Enfin, le maintien à domicile le plus tard possible, avec des aides au ménage et au repas est l’option choisie par Brest. Mais on sait que c’est la meilleure façon d’accroître l’isolement et la solitude des personnes âgées. Elles restent enfermées chez elles, dans des logements trop grands, avec des escaliers partout, et ne voient plus personne en dehors du passage éclair d’aides à domicile sous payées (écoutez le témoignage d’Anne). Parfois les personnes seules chez elles s’habillent à peine et se nourrissent mal. Est-ce cela que nous voulons ? Nous voyons bien avec la crise sanitaire, les dégâts psychologiques et physiques causés par un confinement de plusieurs mois. Un confinement permanent, est-ce cela que veulent les brestois pour leurs vieux jours ?